Vos personnages sont-ils trop séduisants ?

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Sur son site, Bryn Donovan, auteure de romance, partage des ressources sur l’écriture, des idées de lectures, et des anecdotes et réflexions positives.

Dans cet article intitulé “How Attractive Should Your Characters Be?”, Bryn parle du physique des personnages de romance et du lien, souvent trop évident, entre leur physique et leur rôle dans l’histoire.

Merci à Bryn Donovan d’avoir autorisé cette traduction !

Persos séduisants
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La semaine dernière, j’étais avec un groupe de copines un peu intellos. Une de mes amies racontait à quel point elle haïssait le fait que dans tant d’ouvrages de littérature jeunesse, les méchants sont laids. Et j’étais là, “OUI OUI MILLE FOIS OUI!”

Même quand j’étais enfant, ça me gênait que les demi-soeurs diaboliques de Cendrillon soient hideuses. J’ai detesté la description par Roald Dahl du personnage d’Augustus Gloop, un garçon gras et débraillé, qui ne pense qu’à manger et qui le paie de manière effroyable.

Je n’étais pas une enfant jolie, et c’était facile pour moi de voir l’injustice dans le fait que très souvent, les méchants et les idiots dans les histoires sont laids.

Certains auteurs tombent toujours dans ce piège en tant qu’adulte ! Une fois, j’ai participé à un groupe de lecture critique de romances. Une auteure avait un personnage de femme odieuse dans son histoire. A plusieurs reprises, le texte décrivait la graisse corporelle de ce personnage avec des détails désobligeants.

Bien sûr, je l’ai fait remarqué en lui disant que tous ses lecteurs en surpoids allaient se sentir affreusement mal. (J’aurais sûrement dû mentionner que ça me mettait très mal à l’aise aussi, même si je ne suis pas en surpoids.) Elle a gracieusement admis que c’était vrai et elle a dit que le personnage était basé sur quelqu’un qu’elle détestait dans la vraie vie. J’ai pensé que c’était vraiment dommage qu’elle fasse une fixation sur le physique de cette personne et pas sur sa méchanceté, mais elle a réécrit l’histoire.

Ce qui est drôle, c’est que je n’ai même pas lu de romances quand j’étais plus jeune, parce que j’étais persuadée que tous les personnages avaient un physique parfait. Je ne pensais pas pouvoir m’identifier à des filles amoureuses aux allures de mannequins.

Peut-être que les vieux romans romantiques avaient en effet des héroïnes magnifiques — je n’en suis pas sûre. Dans tous les cas, le genre de la romance a maintenant plein d’héroïnes au physique tout à fait normal, et beaucoup d’héroïnes rondes (souvent taguées BBW sur Amazon.)

Par contre, les héros, en romance, sont presque tous uniformément sexy. Il y a quelques exceptions. Elizabeth Hoyt, qui est probablement mon auteure de romance préférée, a plein de héros ordinaires, même s’ils sont tous beaux sur la couverture du livre !

Personnellement, même si j’écris des héros séduisants, je ne vais jamais être le genre d’auteur qui s’étend sur le physique parfait d’un homme. Ce n’est pas moi et si j’essayais de le faire, ça ne sonnerait pas très convaincant :

Kathy fixa, dans une stupeur extasiée, sa mâchoire carrée et ses yeux sombres qui brûlaient d’une chaleur torride. Son regard voyagea plus bas, en s’imprégnant de la vue magnifique de ses énormes pectoraux virils et de ses abdos tellement ciselés qu’ils pourraient trancher quelque chose, ils pourraient même servir de couteau à steak par exemple, ou quelque chose du genre, je sais pas, enfin bref, il était hyper sexy.

Je suis bien plus intéressée par l’intelligence, la détermination et le sens de l’humour du héros et surtout par son sens de l’honneur (OUIII, TROP SEXY).

On case les femmes sexy avec des types normaux dans tellement de films, de livres et de séries TV que je pense que ce n’est pas un problème d’avoir un petit courant littéraire, dans un coin, qui dit “Hé toi, la fille normale, et si tu finissais avec le mec sexy cette fois ?”

En même temps, mes sentiments sont partagés sur l’objectification des hommes dans ce genre littéraire. A un moment, je vais finir par écrire un héros en surpoids, ce qui n’a pratiquement jamais été fait. Les hommes dans nos sociétés sont confrontés aussi à une certaine pression sur leur physique et même si cette pression n’est pas aussi intense que celle à laquelle les femmes sont confrontées, elle existe.

Souvenez-vous, la beauté étant une qualité très subjective, un personnage peut devenir plus séduisant au cours d’une histoire romantique. Appelons ça l’effet Elizabeth Bennet. Vers le début d’Orgueil et préjugés, M. Darcy la décrit comme

…tolérable; mais pas assez jolie pour me tenter.

Plus tard, il dit :

…cela fait maintenant des mois que je la considère comme l’une des femmes les plus jolies de mes connaissances.

A cause de cette pression d’être beau, je pense que beaucoup de lecteurs préfèrent un protagoniste au physique ordinaire ou neutre, quelque soit leur genre. Récemment, j’ai commencé un livre dans lequel le personnage principal m’a informée, presque immédiatement, complètement hors contexte, de sa taille de soutien-gorge (elle avait une poitrine bien plus grosse que la mienne), de la taille de sa robe (plus petite que la mienne), de sa tenue de gym et du fait qu’elle n’avait pas besoin de faire de régime “comme la plupart des filles” qu’elle connaissait. Il y a des façons plus élégantes pour un auteur de transmettre à quoi ressemble un personnage à la première personne, mais au-delà de ce problème, ça m’a semblé si bizarre et prétentieux.

J’ai entendu certains auteurs dire “Je ne décris pas du tout mes personnages.” En tant que lectrice, je pense “Hum, merci beaucoup.” Je ne pense pas que ce soit une bonne façon de gérer ce problème de l’apparence physique, parce que j’aime bien être capable d’imaginer la personne.

Je pense que l’important, c’est de s’assurer que leur physique n’est pas déterminant dans leur rôle dans l’histoire. Ne vous appuyez pas sur des dents tordues, par exemple, pour convaincre vos lecteurs que votre personnage est méprisable (J’ai les dents tordues !), et ne pensez pas que votre lecteur va tomber amoureux d’un personnage seulement parce qu’elle a un corps sublime ou de jolis yeux bleus.

D’ailleurs, Roald Dahl a également écrit ces jolies choses sur la beauté et j’en suis aussi convaincue :

pretty-thoughts

Si une personne a des mauvaises pensées, alors ça commence à se voir sur son visage. Et quand cette personne a de mauvaises pensées chaque jour, chaque semaine, chaque année, alors le visage devient de plus en plus laid, jusqu’à ce qu’il soit tellement laid que ça devienne insupportable de le regarder.

Une personne qui a de bonnes pensées ne peut pas être laide. Vous pouvez avoir un nez de travers, une bouche tordue, un double menton et des dents en avant, mais si vous avez des bonnes pensées, elles vont faire briller votre visage comme des rayons de soleil et vous aurez toujours l’air adorable.

Comment réagissez-vous à des personnages magnifiques ou très laids dans les romans ? Comment gérez-vous la beauté physique dans vos propres projets d’écritures ?

Sur l’auteur

bryndonovan

Bryn Donovan est une auteure qui blogue sur l’écriture et la positivité sur bryndonovan.com. Elle est l’auteure de Sole Possession, une romance dans une maison hantée, et de An experienced mistress, une romance historique.

2 réponses
  1. Algil
    Algil dit :

    Merci d’avoir traduit cet article ! On en trouve de très bons sur des sites anglophones, mais malheureusement, c’est assez difficile d’en trouver autant en français. Donc parfois, j’en ai marre de switcher entre mon article en anglais et googletrad, et j’abandonne ma lecture.
    Concernant les personnages de mon histoire, je ne les ai pas fait “beaux”. Je m’explique :
    “Beau”, pour moi, ce n’est qu’un concept, une sorte d’agréable harmonie appréciée par tous et toutes. Or, le “beau” relève plutôt du domaine du subjectif : chacun a sa propre vision de ce qui est beau ou ne l’est pas. Le “beau” se contredit par ces deux définitions : il faudrait qu’il soit partagé par tous, mais dépend avant tout d’une sensibilité personnelle. Le “beau”, en conclusion, serait la traduction d’une appréciation normalisée, partagée et mise en valeur par une société, un ensemble de personnes. C’est en cela que je ne souhaite pas faire que mes personnages soient “beaux”, car le “beau” actuel ne correspond pas aux valeurs que je souhaite transmettre (l’acceptation de soi, la tolérance, entre autres).
    Du coup, je triche un peu ; mes personnages “beaux” ne le sont pas ; ils ont du charme, de la présence, du charisme, un truc en plus qui fait qu’on les remarque, qu’ils sortent du lot (et ça, ça n’est généralement pas inné, mais ça se travaille). Et surtout, j’ai fait en sorte que mes méchants aient ce côté charismatique. Comment pourrait-il séduire ses fidèles sans cette qualité ? On ne s’adjoint pas une armée que par la peur. On suit plus facilement un leader charismatique. De plus, je trouvais intéressant que ces antagonistes s’adonnent à la séduction.
    Pour mes personnages plus “normaux”, il me semblait nécessaire de parler de la façon dont eux se voient, et souvent, c’est à travers le prisme de leurs complexes : ma lycane complexe sur sa pilosité et son côté sauvage, car elle pense que cela ne fait pas “féminin” ; mon héroïne vampire complexe sur sa normalité et sa peau pâle, et elle garde une frange longue pour cacher ses yeux derrière ; et leur pote félanthrope complexe sur sa petite taille et sa carrure fluette, car il ne se sent pas fort physiquement.
    Comme je ne souhaite pas tomber dans le cliché, j’essaie de varier la corpulence et les autres caractéristiques de mes persos : toutes les filles n’ont pas les cheveux longs, tous les garçons ne sont pas hyper musclés, et je fais varier les teintes de cheveux et d’yeux en tenant compte de ce qui est le plus courant (par exemple, on trouve plus souvent des rousses aux yeux bruns qu’aux yeux verts ou bleus, et on n’en voit quasi jamais dans les bouquins).

    Répondre
    • laure
      laure dit :

      Bonjour Algil,
      Je trouve très intéressante votre approche de montrer l’apparence physique de vos personnages à travers leur propre subjectivité et non par une objectivité qui peut sembler vide. En effet, dire d’un personage qu’il est grand, blond, aux yeux bleus est beaucoup moins puissant qu’un ressenti ou un complexe, qui donnera beaucoup plus d’informations au lecteur. L’attachement et l’identification au personnage seront alors beaucoup plus facile pour le lecteur.
      Merci !

      Répondre

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